AMERICA in WARTIME


ROSIE the RIVETER du site suivant

UNE FIGURE FÉMININE SYMBOLE DE L'EFFORT DE GUERRE (par M. AIT SAID)

LA GENESE D'UNE FIGURE


C'est en 1940, alors que les Etats-Unis ne sont pas encore entrés dans le second conflit mondial, que naît l'inspiration de ce qui deviendra plus tard le symbole féminin de l'effort de guerre américain. Lors d'un reportage, une jeune femme de 17 ans, du nom de Géraldine Doyle, est photographiée avec un bandana sur la tête. Elle travaille dans une usine de confection de pièces métalliques.

Photographie prise par l'agence United Press en 1940


UNE FIGURE QUI PREND FORME...


Quand les Etats-Unis entrent en guerre en 1941, les autorités cherchent, par le biais de la propagande, des figures afin de motiver l'effort de guerre des civils. Une campagne est ainsi lancée, mobilisant les créateurs en tout genre et les dessinateurs en particulier. C'est ainsi, qu'en 1943, l'illustrateur Norman Rockwel travaillant pour le Saturday Evening Post créé, pour une couverture, la figure de Rosie the Riveter. Elle s'inspire des 6 millions de femmes qui travaillent déjà dans l'industrie d'armement américaine. La tâche de la riveteuse consiste à poser des rivets sur des engins militaires à l'aide d'un pistolet à pression. L'image de Géraldine Doyle sert de base à cette nouvelle figure. Sa tenue et son instrument de travail sont encore présents. Mais Rosie se voit toutefois transformée par les exigences de la propagande. Elle apparaît, en effet, physiquement plus massive, sa posture renvoie à une certaine confiance en elle et son outil prend des allures d'arme de guerre.

Voici la couverture de magazine en question


Le drapeau américain en fond est, bien sûr, le témoignage d'un patriotisme de guerre très fort.
Parmi les différents symboles présents sur cette image, notons le Mein Kampf piétiné par l'ouvrière.

... JUSQU'A DEVENIR UN SYMBOLE DE L'EFFORT DE GUERRE


La même année, c'est la propagande officielle qui s'empare du personnage en le dotant, à nouveau, du bandana rouge qui ne le quittera plus. On retrouve là le premier attribut distinctif de Géraldine Doyle.
Cette campagne de propagande fut très populaire et associée au mot d'ordre : We can do it ! .



Toujours en 1943, on peut voir sur la photographie suivante une femme rivetant un bombardier A 31 Vengeance dans une usine de Nashville dans le Tennessee. Les photographies en couleur étaient rares pour l'époque. Son utilisation vient prouver que les autorités américaines et les organes de presse et médiatiques divers (radiophonie et cinéma), qui lui étaient associés dans ce contexte, se dotaient des moyens techniques nécessaires pour diffuser cette figure de l'effort de guerre.




ROSIE EN CHANSON


Not long after J. Howard Miller - the artist at Westinghouse who created the "We Can Do It!" poster - released his work, "Rosie the Riveter" was born.

Personifying American women, who produced war materials on factory assembly lines, "Rosie" became part of popular culture.

In 1943, Redd Evans and John Jacob Loeb wrote a song about her. Performed in this video clip by the Four Vagabonds, the song's lyrics are:

The song, as performed in the clip, has a slight change in the line about "E." In the clip, the words are: "When they gave her a production need." The original - "When they gave her a production "E" - references an award (for "Excellence") which was given to high-performing factory production workers.

L'univers de la chanson s'est également investi dans cette campagne de propagande. Il s'est emparé de la figure de Rosie. Le plus bel exemple est la chanson des Four Vagabonds intitulé Rosie the Riveter Song.
Ses paroles insistent sur le fait de faire coïncider le destin des 6 millions d'Américaines avec ce symbole. Ainsi, Rosie s'investit sur les chaînes de montage comme d'autres dans les lignes de front. Son petit ami est un G.I parti sur l'un des lieux d'opération du conflit. Elle achète des "war bonds" pour financer l'effort de guerre. En bref, Rosie est une femme modèle en temps de guerre : patriote et zélée dans son travail.


Paroles de Redd Evans et John Jacob Loeb, 1942:

Rosie the Riveter


All the day long,
Whether rain or shine,
She's a part of the assembly line.
She's making history,
Working for victory,
Rosie the Riveter.
Keeps a sharp lookout for sabotage,
Sitting up there on the fuselage.
That little girl will do more than a male will do.
Rosie's got a boyfriend, Charlie.
Charlie, he's a Marine.
Rosie is protecting Charlie,
Working overtime on the riveting machine.
When they gave her a production "E,"
She was as proud as she could be.
There's something true about,
Red, white, and blue about,
Rosie the Riveter.

Traduction des paroles et annotations

Rosie the Riveter


Toute la journée ,
Qu'il pleuve ou fasse beau temps,
elle est présente sur la chaîne de montage.
Elle fait l'histoire, en même temps que son travail pour la victoire,
Rosie the Riveter.
Maintient une surveillance pointue contre le sabatoge ,
assise là-haut sur le fuselage.
Cette petite va faire plus qu'un homme aurait fait .
Rosie a un petit ami, Charlie.
Charlie, c'est un soldat.
Rosie protège Charlie par son travail supplémentaire sur les riveteuses.
Quand on lui a donné une production «E» *
Elle était fière autant qu'on peut l'être dans ces occasions.
Il y a quelque chose de certain,
aussi certain que le rouge, blanc et bleu**
chez Rosie the Riveter.

You can listen to the song by the Vagabonds here

* Production "E" :

récompense remise par les autorités américaines aux femmes qui dépassaient les engagements de production pendant les années de guerre. Cette récompense prenait la forme d'un diplôme et d'une médaille flanquée d'un "E". Voici un exemple de ce certificat.

** Ce sont les couleurs du drapeau américain dont il est, ici, fait référence


QUE RESTE-T-IL DE CETTE FIGURE AUJOURD'HUI ?


L'héritage laissé par cette création de la propagande est multiple et complexe. Elle était dans les années 1950, associée à une désillusion. Celle d'une indépendance sociale et économique perdue au profit d'une nouvelle imagerie : celle de la femme au foyer. Cette dernière s'inscrit non pas dans une propagande d'Etat mais dans des campagnes publicitaires émanant de firmes de l'agroalimentaire, de l'électroménager. Ce constat fut la matrice d'une partie des revendications féministes des années 1960.

Aujourd'hui ,une frange de la mode de notre début de XXIe siècle s'inscrit dans une mouvance rétro ou vintage. Des sites spécialisés, qui s'en revendiquent, réutilisent la figure de Rosie pour son look à la fois glamour et rebelle. Cette vidéo issue de l'un de ces sites, reprend la chanson précédemment étudiée en l'agrémentant d'images et d'une conclusion plus qu'explicite.


__________________________

Rosie the Riveter : Analyse d’une icône Américaine


Rosie the Riveter représentait l’icône de l’effort de guerre des femmes lors de la Seconde Guerre Mondiale. Zoom sur ce personnage mythique peu connu…
Rosie the Riveter par J. Howard MillerRosie the Riveter par J. Howard Miller
Howard Miller can do it !

Alors que les hommes étaient partis au front, le gouvernement américain décida de lancer une campagne afin de recruter un maximum de femmes possible dans les usines d’armement. Cette campagne avait pour but non seulement d’encourager les femmes à travailler pour l’effort de guerre mais aussi à convaincre les hommes dont la majorité était contre le travail des femmes notamment depuis la Grande Dépression où les femmes qui travaillaient étaient accusées de voler le travail des hommes pourtant cruellement manquant.

La première représentation de Rosie date de 1942 avec l’affiche de l’’illustrateur J. Howard Miller qui s’est lui-même inspiré d’une photographie représentant une jeune femme de 17 ans au travail, cette jeune femme s’appelait Geraldine Hoff Doyle et est décédée en 2012 . Cette affiche avait été créée pour une usine mais ne marqua pas les esprits à l’époque et ne resta pas plus de deux semaines sur les murs de l’usine.

Rose Will Monroe, la Rosie

En 1943 Norman Rockwell s’inspire de cette chanson pour peindre son portrait de Rosie, qui parut à la une du Saturday Evening Post.
Cette fois Rosie apparaît beaucoup moins féminine, elle a une musculature impressionnante, elle mélange poignet de force et rouge à lèvres et pose son pied droit sur un exemplaire de Mein Kampf.


La même année, l’acteur Walter Pidgeon fit une tournée de promotion pour les War Bonds, les emprunts obligatoires permettant de financer l’effort de guerre, c’est ainsi qu’il rencontra Rose Will Monroe, riveteuse de son état. Elle fut engagée pour jouer dans un film de propagande pour les War Bonds et c’est ainsi qu’elle devint LA Rosie, incarnant à la fois celle de la chanson et celle de la couverture du Saturday Evening Post par Norman Rockwell.
Quant à l’affiche de l’’illustrateur J. Howard Miller elle connut son heure de gloire dans les années 80 où elle fut reprise par des féministes. C’est seulement à ce moment-là que Geraldine Hoff Doyle apprit qu’elle avait servi de modèle pour une affiche !


_________________________________

LIFE - un numéro pour les GIs


Dans le cadre de notre séquence sur l'Amérique en temps de guerre et son influence sur la France, découvrez ce numéro de LIFE spécialement écrit pour les GIs! (Cliquer sur l'image)


Wartime Propaganda